Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/220

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IOKASTÈ.

Tu me caches quelque malheur et tu l’enveloppes de ténèbres.

LE MESSAGER.

Je ne dirai rien de mauvais, après ce qui est heureux pour toi.

IOKASTÈ.

Tu parleras, à moins que tu ne t’enfuies dans l’Aithèr.

LE MESSAGER.

Hélas ! hélas ! Pourquoi ne m’as-tu point permis de partir, après une bonne nouvelle ? Pourquoi me forces-tu à t’annoncer des malheurs ? Tes fils méditent une action très honteuse ; ils vont engager un combat singulier, à l’écart de toute l’armée. Ils l’ont dit ouvertement aux Argiens et aux Kadméiens, ce qu’ils n’auraient dû jamais dire. Le premier, Étéoklès, debout sur une haute tour, ordonnant le silence, a dit à l’armée : — Ô chefs de la terre de Hellas et chefs des Argiens qui êtes venus ici, et toi, peuple de Kadmos, ne rendez plus vos âmes, ni pour Polyneikès, ni pour moi. Moi-même, je courrai ce danger, et, seul, je combattrai mon frère. Et, si je le tue, je gouvernerai mon pays, et, si je suis vaincu, je lui livrerai la Ville. Pour vous, quittant le combat, vous retournerez sur la terre Argienne, ne laissant point votre vie ici ; et, pour ce peuple, c’est assez de morts. — Il parla ainsi, et ton fils Polyneikès, se ruant hors des rangs, applaudit à ces paroles. Et tous les Argiens, ainsi que le peuple de Kadmos, murmuraient favorablement, comme s’ils pensaient que cela était juste. Et un traité fut conclu à ces