Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/243

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OIDIPOUS.

Hélas ! hélas ! Pour un misérable exil je suis chassé, vieux, de la patrie ! Hélas ! hélas ! je subis des maux affreux !

ANTIGONÈ.

Pourquoi dis-tu que tu souffres ? La justice ne voit pas les mauvais et ne châtie pas les fautes des mortels.

OIDIPOUS.

Je suis celui qui m’élevai à une haute sagesse victorieuse, quand je devinai l’énigme obscure de la Vierge.

ANTIGONÈ.

Tu rappelles ta victoire sphingienne ? Cesse de raconter ton ancienne prospérité. Cette malheureuse calamité t’attendait, d’être exilé de ta patrie et de trouver la mort au hasard. Laissant les larmes du souvenir aux chères vierges, je vais loin de la terre de la patrie, errante, contre la coutume des vierges !

OIDIPOUS.

Ô générosité du cœur !

ANTIGONÈ.

Certes, au milieu des malheurs de mon père, ceci me glorifiera. Misérable par moi-même, et par l’opprobre de mon frère mort et non enseveli, hors des demeures, le malheureux, lui qu’il me faut, ô père, couvrir de terre, dussé-je mourir !