Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/265

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Strophe II.

Tu as navigué, d’une âme furieuse, loin de la demeure paternelle, franchissant les doubles rochers de la mer, et tu habites une terre étrangère où ton lit est veuf, ô malheureuse ! et tu es exilée, chassée ignominieusement de ce pays.

Antistrophe II.

L’honneur du serment s’en est allé, et la pudeur ne subsiste plus dans la grande Hellas, mais elle s’est envolée dans l’Aithèr. Et pour toi, malheureuse, la demeure paternelle, vers laquelle tu criais dans tes misères, n’est plus ; et une autre reine, plus puissante dans ton lit, commande dans les demeures.




IASÔN.

Je n’ai pas reconnu aujourd’hui pour la première fois, mais souvent, combien une violente colère est un mal intraitable. En effet, tu pouvais habiter cette terre et cette demeure, en obéissant avec patience aux ordres de ceux qui sont plus puissants que toi, et, grâce à tes paroles insensées, tu es chassée de cette terre. Je ne m’en inquiète en rien. Ne cesse jamais de dire que Iasôn est le pire des hommes ; mais considère comme un grand avantage que les paroles que tu as dites contre les Rois ne soient punies que par l’exil. Pour moi, j’ai toujours tenté de calmer la colère des Rois irrités, et je voulais que tu restasses ici ; mais tu n’as pas renoncé à ta démence, et tu parles toujours injurieusement des maîtres, et c’est pour cela que tu es chassée de ce pays. Néanmoins, tu ne manques