Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/27

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de mourir, avant de subir des choses honteuses et indignes de moi. Quiconque n’y est pas habitué, supporte ses maux, mais il souffre de mettre son cou sous le joug, et il serait plus heureux d’être mort que vivant, car une vie ignominieuse est une grande calamité.

LE CHŒUR.

Il est beau et glorieux parmi les mortels d’être né d’une race illustre, mais une haute naissance est un plus grand honneur encore pour ceux qui en sont dignes.

HÉKABÈ.

Fille, tu as bien parlé, mais qu’il y a de douleurs dans ces nobles paroles ! S’il faut prouver votre reconnaissance au fils de Pèleus et vous garder de tout blâme, ne tuez pas celle-ci, Odysseus ! Emmenez-moi au bûcher d’Akhilleus, tuez-moi, ne m’épargnez pas, moi qui ai enfanté Paris dont les flèches ont frappé le fils de Thétis et l’ont fait périr.

ODYSSEUS.

Le spectre d’Akhilleus n’a point demandé aux Akhaiens que tu périsses, ô vieille femme, mais bien celle-ci.

HÉKABÈ.

Mais, au moins, tuez-moi en même temps que ma fille. Une libation de sang plus abondante sera ainsi offerte à la terre et au mort qui la veut.

ODYSSEUS.

Il suffit de la mort de ta fille ; aucune autre mort n’est