Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/291

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qui il serait impie d’assister à mes sacrifices, cela le regarde. Je n’amollirai pas ma main. Ah ! ne fais pas cela, mon cœur ! Laisse tes enfants, misérable ! Épargne-les ! Ils te réjouiront vivants, là-bas. Non ! par les Vengeurs souterrains du Hadès ! jamais je ne laisserai mes enfants à mes ennemis, pour en être outragés. Il est absolument nécessaire qu’ils meurent. Et, puisqu’il le faut, je les tuerai, moi qui les ai enfantés. Cela est résolu et sera fait. Déjà, la couronne en tête et vêtue du péplos, la royale fiancée meurt, je le sais bien. Mais puisque je prends cette voie très funeste, et que je vais leur faire prendre un chemin plus funeste de beaucoup, je veux mes enfants encore une fois ! Donnez, ô fils, donnez à votre mère votre main à baiser. Ô très chère main ! ô très chère bouche ! Présence, noble visage de mes fils ! soyez heureux, mais là-bas ! Ici, votre père vous a ravi le bonheur. Ô doux embrassement ! ô peau délicate ! ô très douce haleine de mes enfants ! Allez ! sortez ! je ne puis vous voir plus longtemps, je suis vaincue par mes maux. Je sais quel crime je vais commettre, mais ma colère est plus puissante que ma volonté, et c’est la plus grande cause des maux des hommes.




LE CHŒUR.

Souvent j’ai entrepris des raisonnements plus subtils et des recherches plus hautes qu’il n’appartient à la race féminine d’en entreprendre ; mais c’est qu’il y a, en effet, pour nous, une Muse qui nous pousse à étudier la sagesse, non pas toutes, à la vérité, car on en trouve peu sur beaucoup ; mais l’esprit des femmes n’est pas étranger