Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/298

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LES ENFANTS.

Par les Dieux, au secours ! Il est temps, car déjà l’épée est sur nous.

LE CHŒUR.

Misérable ! tu es donc de rocher ou de fer, toi qui, par une destinée parricide, as tranché cette moisson d’enfants que tu as enfantés ? J’ai entendu dire qu’une seule femme, autrefois, a porté la main sur ses chers enfants, Inô, rendue furieuse par les Dieux, quand la femme de Zeus la chassa, délirante, de ses demeures. Mais la malheureuse, à cause du meurtre impie de ses enfants, se jeta dans la mer du haut de la côte marine, afin de mourir avec ses deux fils. Que peut-il désormais arriver de plus horrible ? Ô lamentables noces des femmes, combien vous avez apporté de maux aux hommes !




IASÔN.

Femmes, qui êtes debout auprès de la maison, Mèdéia, qui a commis des actions atroces, est-elle dans les demeures ? A-t-elle pris la fuite ? Il faut qu’elle se cache sous terre, ou qu’elle enlève son corps ailé dans la profondeur de l’air, à moins qu’elle veuille être châtiée, à cause de la famille royale. Se flatte-t-elle, après qu’elle a tué les princes de cette terre, de fuir impunie de ces demeures ? Mais je ne m’inquiète point d’elle autant que de mes fils. En effet, ceux qu’elle a outragés se vengeront d’elle ; mais je suis venu pour sauver la vie de mes enfants, de peur que les proches de Kréôn leur fassent quelque mal, en expiation de l’horrible meurtre commis par leur mère.