Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/309

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et je renverse ceux qui se dressent contre moi. En effet, il est aussi de la nature des Dieux de se réjouir d’être honorés par les hommes. Et je montrerai promptement la vérité de ces paroles. Le fils de Thèseus, né d’une Amazone, Hippolytos, nourri par le sage Pittheus, seul parmi les citoyens de cette terre de Troizènia, dit que je suis la pire des Daimones, et il méprise le lit nuptial et fuit les noces. Mais il honore la sœur de Phoibos, Artémis, fille de Zeus, et il la tient pour la plus grande des Daimones. Et, suivant toujours la Vierge dans la verte forêt, il détruit les bêtes sauvages à l’aide des chiens rapides, et il se livre à un commerce trop haut pour un homme. Je n’envie point ces choses à celle-ci. Pourquoi, en effet ? Mais je châtierai Hippolytos, en ce jour même, de m’avoir outragée. J’ai déjà tout préparé pour cela, et j’y aurai peu de peine. Étant sorti un jour de la demeure de Pittheus, pour voir célébrer les mystères sacrés sur la terre de Pandiôn, la noble femme de son père, Phaidra, l’ayant vu, fut saisie par moi d’un violent amour dans son cœur. Avant de venir sur cette terre de Troizènia, elle éleva sur la roche de Pallas, d’où on voit ce pays, un temple à Kypris ; et, brûlant d’amour pour un absent, elle voulut, en l’honneur de Hippolytos, que ce temple fut appelé de ce nom, dans l’avenir. Mais, après que Thèseus eut quitté la terre Kékropienne, s’exilant en expiration du meurtre des Pallantides, il vint ici par mer avec sa femme, afin d’y subir une année d’exil ; et c’est ici que la malheureuse, gémissant et percée des aiguillons de l’amour, périt dans le silence. Et aucun de ses serviteurs ne connaît son mal. Mais il ne faut pas que cet amour soit vain. Je le révélerai à Thèseus, et il deviendra manifeste. Et celui qui est mon ennemi, son père le tuera