Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aide à celles qui enfantent ; et elle m’a toujours été favorable, avec le consentement des Dieux. Mais voici, devant les portes, la vieille nourrice qui porte Phaidra hors de la demeure. Un triste nuage pèse sur ses sourcils. Mon cœur désire savoir pourquoi, et ce qui blesse ainsi le corps flétri de la Reine.




LA NOURRICE.

Ô misères des mortels ! ô maux lamentables ! Que ferai-je pour toi ? Que ne ferai-je pas ? Voici la claire lumière que tu demandais, voici l’Aithèr. Ton lit douloureux est maintenant hors de la demeure. Tu parlais toujours, en effet, de venir ici. Mais tu te hâteras bientôt de retourner dans la demeure, car tu changes promptement, et rien ne te contente. Rien de ce que tu as ne te plaît, et tu préfères ce que tu n’as pas. Il est plus facile d’être malade que de guérir ceux qui souffrent. L’un est simple, en effet, et l’autre joint à l’inquiétude de l’esprit la fatigue des mains. Toute la vie des hommes est pleine de douleur, et il n’est point de relâche à leurs maux ; mais s’il est quelque chose de plus doux que la vie, les ténèbres l’enveloppent et nous le cachent. Nous aimons éperdument cette lumière qui resplendit sur la terre, à cause de notre inexpérience d’une autre vie ; et, ne sachant rien de ce qui se passe sous la terre, nous nous effrayons de vaines fables.

PHAIDRA.

Soulevez mon corps, redressez ma tête ! Amies, mes membres vont se dissoudre. Servantes, soutenez mes belles mains ! Cette bandelette pèse à ma tète. Ôtez ! Laissez aller ma chevelure sur mes épaules.