Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/37

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dans l’eau de mer, apporte-le ici, afin que je lave ma fille par de suprêmes ablutions, ma fille fiancée sans fiancé et vierge sans être vierge, et que je l’expose comme elle en est digne. Mais comment ? Je ne le puis. Je le ferai cependant, autant que possible, ayant demandé quelques ornements aux captives qui, assises près de moi, habitent dans ces tentes, si, toutefois, quelqu’une a pu dérober à nos maîtres nouveaux quelque chose de ses demeures. Ô belles demeures ! ô maisons autrefois heureuses ! ô Priamos très heureux en enfants et qui possédais d’innombrables et brillantes richesses ! et moi, la vieille mère ! dans quel néant nous sommes tombés, privés de notre ancien orgueil ! Nous glorifierons-nous donc maintenant, l’un de ses riches demeures, l’autre de sa renommée parmi les citoyens ? Tout cela n’est que néant, vains rêves et jactances. Celui-là seul est heureux à qui, chaque jour, il n’arrive rien de funeste.

LE CHŒUR.
Strophe.

Le malheur devait m’atteindre, ma perte était certaine du jour où Alexandros coupa les sapins Idaiens afin de naviguer sur la mer gonflée vers le lit de Hélénè, la plus belle de celles qu’éclaire Hèlios éclatant d’or.

Antistrophe.

Les peines et les nécessités plus puissantes que les peines s’enchaînent en cercle. Le malheur commun, venu de la démence d’un seul, a frappé la terre du Simoïs, et les maux ont succédé aux maux. La querelle, pour laquelle