Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/409

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dans sa main une coupe couronnée de lierre, il boit le vin pur de la grappe noire, jusqu’à ce que la flamme du vin l’ait échauffé ; et il couronne sa tête de rameaux de myrte, et il hurle comme un insensé ; et on pouvait entendre un double chant, car il chantait, s’inquiétant peu des maux qui sont dans la demeure d’Admètos ; et nous, serviteurs, nous pleurions notre maîtresse ; et, cependant, nous ne montrions pas à notre hôte nos yeux mouillés de larmes, car Admètos nous en avait donné l’ordre. Et, maintenant, moi, dans les demeures, je donne un repas à un étranger, à quelque voleur rusé, à quelque brigand ! Et ma maîtresse sort des demeures, et je n’ai pu la suivre ni lui tendre la main, pleurant cette maîtresse qui était comme une mère pour tous les serviteurs et pour moi ! En effet, elle nous épargnait beaucoup de maux, en apaisant la colère de son mari. N’éprouvé-je donc pas une juste haine pour cet étranger qui est survenu au milieu de nos douleurs ?




HÈRAKLÈS.

Holà ! toi ! Pourquoi regardes-tu d’un air grave et inquiet ? Il ne convient pas qu’un serviteur semble triste aux hôtes, et il doit leur faire bon accueil. Or, toi, en voyant ici un ami de ton maître, tu le reçois avec un visage triste et des sourcils froncés, et soucieux de quelque malheur étranger ! Approche, afin de devenir plus sage. Sais-tu quelle nature ont les choses mortelles ? Je pense que tu ne le sais pas, car d’où le saurais-tu ? Mais écoute-moi : il est nécessaire que tous les hommes meurent, et il n’est aucun mortel qui sache s’il vivra