Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/479

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le bond troien, il se rua contre eux, et ceux-ci tel que des colombes qui voient l’épervier, tournèrent le dos et prirent la fuite. Et beaucoup tombaient pêle-mêle, blessés ou écrasés sous les pieds des autres, par les étroites sorties. Et une clameur impie retentit dans la demeure sacrée, renvoyée par les rochers ; mais, comme au milieu de la sérénité, mon maître brillait sous ses armes splendides, jusqu’à ce que, du fond du sanctuaire, quelqu’un poussa un cri horrible, farouche, qui ramena la foule au combat. Alors, le fils d’Akhilleus tomba, percé au flanc par l’épée aiguë d’un homme delphien, qui le tua avec un grand nombre d’autres. Et quand il fut tombé, quel fer, quelle pierre ne l’atteignit pas, jeté de loin ou le frappant de près ? Tout son beau corps est déchiré de blessures horribles. Puis, ils jetèrent, hors du temple abondant en victimes, son cadavre gisant près de l’autel. Pour nous, l’ayant promptement saisi de nos mains, nous t’apportons ce reste lamentable pour que tu pleures et gémisses sur lui, vieillard, et que tu lui donnes les honneurs de la sépulture. Tel est l’accueil que le roi Loxias, qui prophétise pour d’autres et qui rend la justice à tous les hommes, a fait au fils d’Akhilleus accomplissant ses expiations. Comme un homme mauvais, il s’est souvenu des querelles anciennes. Comment donc serait-il sage ?

LE CHŒUR.

Voici le Roi, apporté de la terre Delphique, qui entre dans la demeure. Ô malheureux ! qui as souffert cette destinée ! Et toi, malheureux vieillard, tu reçois dans ta demeure l’Akhilléiôn, mais non comme tu le voulais ! Frappé toi-même du même coup, tu tombes dans la même calamité !