Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/498

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ADRASTOS.

Bien plus, je marchais contre le gré d’Amphiaraos.

THÈSEUS.

As-tu donc repoussé avec tant de légèreté les présages divins ?

ADRASTOS.

Les clameurs des jeunes hommes m’ont troublé.

THÈSEUS.

Tu en as cru l’audace au lieu des sages conseils, ce qui a déjà perdu un grand nombre de stratèges.

ADRASTOS.

Mais, ô la plus vaillante tête de la Hellas, Roi des Athènaiens ! j’ai honte, à la vérité, prosterné contre terre, d’embrasser tes genoux, homme à cheveux blancs que je suis, Roi heureux autrefois ! Et cependant, il est nécessaire que je cède à mon malheur. Sauve mes morts, aie pitié de mes maux et de ces mères de fils morts, et qui sont ainsi privées de leurs enfants dans la blanche vieillesse. Elles ont eu le courage de venir ici, sur une terre étrangère, remuant avec peine leurs vieux membres, non pour les fêtes de Dèmètèr, mais afin d’ensevelir leurs morts, afin de mener avant le temps les funérailles de ceux par les mains de qui il convenait qu’elles fussent elles-mêmes ensevelies. Il est sage au riche de contempler la pauvreté, et au pauvre de regarder les riches et de les imiter afin d’éprouver le désir des richesses, et aux heureux de considérer les malheureux ; et au poète, quand il enfante des