Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/564

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perdu, elle ajoute à tous les maux que je subissais déjà, en venant sans être appelée. Cependant, elle avait le droit de suivre sa fille, devant célébrer ses noces et donner ainsi ce qu’elle a de plus cher, et elle ne trouvera que ma perfidie ! Et cette malheureuse vierge, — pourquoi la nommer vierge, puisque le Hadès va bientôt l’épouser, je pense ? — combien j’ai compassion d’elle ! Je crois l’entendre me dire, suppliante : — Ô père ! me tueras-tu ? Puisses-tu célébrer de telles noces, toi et quiconque t’est cher ! — Et, auprès d’elle, Orestès poussera des cris compréhensibles, quoique non articulés, car il est encore un petit enfant. Hélas ! hélas ! Paris, fils de Priamos, m’a perdu par les noces de Hélénè ! C’est lui qui cause tout ceci.

LE CHŒUR.

Et moi, je suis émue de compassion, et je gémis, comme il sied à une femme étrangère, sur le malheur des Rois.

MÉNÉLAOS.

Frère, donne que je touche ta main.

AGAMEMNÔN.

Je te la donne. La victoire est à toi, et moi je suis malheureux !

MÉNÉLAOS.

Je jure par Pélops, le père de notre père, et par Atreus qui nous a engendrés, que je vais te dire sincèrement, du fond du cœur, et sans artifice, ce que je pense. Lorsque je t’ai vu répandre des larmes de tes yeux, j’ai eu pitié de toi, et, à mon tour, j’ai pleuré sur toi. J’ai