Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/567

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

AGAMEMNÔN.

Mais ne crains-tu pas ce à quoi je songe ?

MÉNÉLAOS.

Comment puis-je entendre ce que tu ne dis pas ?

AGAMEMNÔN.

Le fils de Sisyphos sait tout.

MÉNÉLAOS.

Odysseus ne peut nous nuire en rien.

AGAMEMNÔN.

Il est toujours plein de ruse et du parti de la multitude.

MÉNÉLAOS.

Il est saisi d’ambition, ce qui est un grand mal.

AGAMEMNÔN.

Vois le donc, en pensée, debout dans l’assemblée des Argiens, leur apprenant l’oracle qu’a révélé Kalkhas, et comment j’ai promis ce sacrifice à Artémis, et comment j’ai manqué à ma promesse ! Entraînant ainsi toute l’armée, il ordonnera aux Argiens de nous tuer, toi et moi, et d’égorger la jeune fille ! Si je suis à Argos, ils viendront, m’arracheront des murailles kyklopéennes elles-mêmes et ravageront ma terre. Tels sont mes maux. Ô malheureux que je suis ! À quelle extrémité suis-je réduit en ceci par les Dieux ! Ménélaos, rentre dans l’armée, et prends garde seulement que Klytaimnestra apprenne rien, avant que j’aie sacrifié ma fille au Hadès, afin que je sois moins