Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/164

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semble : Il est mort, acclamé le plus brave des hommes, et l’armée des Argiens lui a valu cette gloire. S’ils étaient restés dans leurs demeures, sa gloire serait restée cachée. Paris a épousé la fille de Zeus. S’il ne l’avait pas épousée, il eût formé une alliance obscure dans ses demeures. Tout homme sage doit fuir la guerre ; mais, si elle survient, l’honneur de la patrie veut que chaque citoyen meure bravement, car la lâcheté est un opprobre. C’est pourquoi il ne convient pas, mère, que tu te lamentes sur la patrie et sur mes noces, car je détruirai par mes noces ceux qui nous sont le plus odieux, à toi et à moi.

LE CHŒUR.

Comme tu te ris avec joie de tes maux domestiques, et comme tu te plais à prophétiser des choses qui, peut-être, n’arriveront jamais !

TALTHYBIOS.

Si Apollôn ne t’eût rendue furieuse, jamais tu n’eusses jeté impunément, de cette terre, ces imprécations contre mes chefs. Mais ceux qui semblent sages ne l’emportent point sur ceux qui ne valent rien ; car le plus grand Roi des Panhellènes, le cher fils d’Atreus, est saisi du désir de cette Mainade, que je ne voudrais certes pas épouser, moi qui suis pauvre. J’abandonne aux vents tes outrages contre les Argiens et tes louanges des Phryges, puisque tu as un esprit insensé. Mais suis-moi vers les nefs, belle fiancée du Chef ! Et toi, Hékabè, quand le fils de Laertès viendra t’emmener, suis-le. Tu seras servante d’une chaste femme, ainsi que le disent tous ceux qui sont venus vers Ilios.