Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guérir, malheureux médecin que je suis, n’en ayant que le nom avec peu de science ; mais ton père te guérira chez les morts !

LE CHŒUR.

Frappe, frappe ta tête de tes mains, et meurtris-la ! hélas !

HÉKABÈ.

Ô très chères femmes !

LE CHŒUR.

Pourquoi pousses-tu ce cri, Hékabè ?

HÉKABÈ.

Il n’était donc d’autre souci chez les Dieux que ma misère et que la haine qu’ils avaient pour Troia entre toutes les Villes ? Nous leur avons fait de vains sacrifices. Mais si un Dieu ne nous eût renversés et couchés contre terre, nous serions ignorés, et nos lamentations ne nous auraient point fait connaître, et nous n’aurions point transmis nos chants funèbres aux hommes à venir. Allez ! mettez ce cadavre dans la tombe, puisqu’il a reçu les honneurs funéraires, ainsi qu’il convient. Je pense que les morts s’inquiètent peu de riches funérailles. C’est une gloire vide qui n’appartient qu’aux vivants.

LE CHŒUR.

Iô ! Iô ! Malheureuse la mère qui a perdu en toi les hautes espérances de sa vie ! Ô toi qu’on disait très heureux parce que tu étais né d’une noble race, tu es mort d’une mort cruelle !