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LES BAKKHANTES

Le Chœur.

Comment non ? Qui eût veillé sur moi à l’avenir si quelque malheur te fût arrivé ? Mais comment t’es-tu délivré, étant aux mains d’un homme impie ?

Dionysos.

Je me suis délivré moi-même, facilement, sans peine.

Le Chœur.

Il n’avait donc pas lié tes mains à l’aide de chaînes ?

Dionysos.

En cela, je me suis joué de lui ; car, pensant m’enchaîner, il ne m’a atteint ni saisi, et il se flattait d’une espérance vaine. Ayant trouvé un taureau dans l’enclos où il nous avait enfermés, il lui a jeté un lacet aux genoux et aux pieds, respirant la fureur, la sueur coulant de son corps, et se mordant les lèvres, tandis que je regardais, tranquillement assis près de lui. Cependant, Bakkhos survint, qui ébranla la demeure et alluma le feu sur le tombeau de sa mère. Et Pentheus, voyant cela et croyant que sa demeure brûlait, courait çà et là, et ordonnait à ses serviteurs d’apporter de l’Akhélôos. Et tous les esclaves s’occupaient de ce vain travail. Alors, laissant cela, et, comme si je m’échappais, ayant tiré sa noire épée, il se rua promptement dans la demeure. Puis, Bromios, ainsi qu’il me sembla, du moins je le pense, fit apparaître un fantôme dans la cour. Et Pentheus se jeta sur lui, et il frappait l’air lumineux, comme s’il m’égorgeait. En outre, Bakkhos l’affligea d’un mal nouveau : il fit crouler toute