Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/294

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tout, je vous fais cette prière ; car le silence, la modestie et une retraite tranquille dans les demeures sont ce qu’il y a de plus beau pour une femme. Mais, en entendant tes gémissements, Iolaos, je suis sortie ; non que j’aie reçu cette mission de ma naissance ; mais peut-être y suis-je propre, car je m’inquiète grandement de mes frères ; et je veux aussi savoir par moi-même si quelque nouveau malheur, ajouté à tes maux anciens, ne mord pas ton cœur.

IOLAOS.

Ô fille ! parmi les enfants de Hèraklès, je te loue surtout avec justice, et non pas seulement d’aujourd’hui. En effet, lorsque notre famille semblait déjà plus heureuse, elle est retombée dans un danger inévitable. Dèmophôn dit que les Divinateurs ordonnent de sacrifier, non un taureau ou un veau, mais une vierge née d’un père illustre, si nous devons être sauvés, nous et cette Ville. C’est de cela que nous gémissons ; car celui-ci ne veut tuer ni ses enfants, ni ceux d’aucun autre citoyen. Et s’il ne le déclare pas clairement, il me fait entendre cependant que, si nous ne trouvons quelque moyen de sortir de ces difficultés, nous devons chercher quelque autre terre, car il veut sauver son pays.

MAKARIA.

À cette condition, pouvons-nous espérer un instant que nous serons sauvés ?

IOLAOS.

C’est la seule. De toute autre façon nous ne sommes pas en sûreté.