Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/474

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

recourbait sa queue en spirale, présent d’un Athènaien. Puis, au milieu du festin il posa des kratères d’or. Puis, se levant sur la pointe des pieds, un héraut annonça que tout citoyen qui voudrait venir au festin y était appelé. Et alors, quand la tente eut été remplie, tous, ceints de couronnes, réjouirent leur âme par la bonne nourriture. Mais, quand ils furent rassasiés, un vieillard, s’étant avancé, s’arrêta au milieu de la tente et fit s’élever un grand rire parmi les convives par son empressement à les servir. En effet, il leur versait de l’eau des cruches pour laver leurs mains, et il brûlait le parfum de la myrrhe, et il s’emparait des vases d’or, réclamant pour lui seul cet office. Quand le repas en vint aux flûtes et à la coupe commune, le vieillard dit : — Il faut enlever les petites coupes à vin et en apporter des grandes, afin d’en venir plus tôt à la joie ! — Aussitôt, hâte de ceux qui apportaient les coupes d’argent ciselé ou d’or. Et, prenant la plus belle, comme pour honorer son nouveau Maître, il la lui donna pleine, ayant mêlé au vin le poison sûr que, dit-on, sa Maîtresse lui avait donné, afin que son nouveau fils ne vît plus la lumière ! Et personne n’avait remarqué cela. Mais comme le jeune homme, de même que les autres, avait la libation en main, un des serviteurs prononça une parole mauvaise. Et le jeune homme, ayant été élevé dans le Temple, au milieu d’habiles divinateurs, interpréta ce présage, et ordonna d’emplir un autre kratèr. Puis, il répandit la première libation sur la terre, et invita les autres convives à la répandre aussi. Alors le silence se fit, et nous emplîmes les kratères sacrés de rosée et de vin de Byblos. Pendant ce temps, une troupe ailée de colombes se précipita sous la tente. En effet, elles habitent en toute sûreté le Temple de Loxias. Et alors, désireuses de boire, elles mirent leurs