Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/620

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de ton père eût voulu commettre ce meurtre avec moi ? Parle, si tu le désires, et soutiens librement que la mort de ton père n’a pas été légitime.

ÈLEKTRA.

Tu as parlé pour ta cause ; mais c’est une cause honteuse, car il convenait qu’une femme sage le cédât en tout à son mari. Je ne tiens aucun compte dans mon discours de celle à qui cela ne semble pas raisonnable. Souviens-toi, mère, des dernières paroles que tu as dites, en me donnant la liberté de parler contre toi.

KLYTAIMNESTRA.

Je le dis encore, fille, et ne le nie pas.

ÈLEKTRA.

Mais, m’ayant entendue, mère, ne me feras-tu point de mal ?

KLYTAIMNESTRA.

En aucune façon, et je me rallierai volontiers à ton sentiment.

ÈLEKTRA.

Je parlerai donc, et voici par où je commence : Plût aux Dieux que tu eusses un meilleur esprit, ô mère ! En effet, on donne de justes louanges à la beauté de Héléna et à la tienne ; mais vous êtes deux sœurs également effrénées et indignes de Kastôr. L’une, enlevée, s’en est allée volontairement ; toi, tu as tué l’homme le plus illustre de la Hellas, donnant pour prétexte que tu as égorgé ton