Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/622

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LE CHŒUR.

La fortune fait les mariages des femmes. Les uns tournent bien, et les autres tournent mal pour les mortels.

KLYTAIMNESTRA.

II t’est naturel, ô fille, d’aimer toujours ton père. Il arrive que les uns aiment mieux leur père, et d’autres leur mère. Je te pardonnerai, car je ne suis pas joyeuse, ô fille, des actions que j’ai commises. Mais toi, restes-tu ainsi non lavée, et le corps vêtu de haillons, quand tu viens d’enfanter récemment ? Ô malheureuse que je suis pour les desseins que j’ai accomplis ! car, plus violemment qu’il ne fallait, j’ai excité la colère de mon mari !

ÈLEKTRA.

Tu gémis tardivement, quand tu n’as plus de remèdes, car mon père est mort ! Mais pourquoi ne rappelles-tu pas ton fils qui erre hors de ce pays ?

KLYTAIMNESTRA.

Je crains ! je considère mon intérêt, non le sien. On dit, en effet, qu’il est irrité du meurtre de son père.

ÈLEKTRA.

Pourquoi ton mari est-il cruel pour nous ?

KLYTAIMNESTRA.

Telle est sa nature. Mais toi aussi tu as un cœur indomptable.