Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/627

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ÈLEKTRA.

Hélas ! hélas ! Et moi, vers quelle danse, vers quelles noces irai-je ? Quel mari me recevra dans son lit nuptial ?

ORESTÈS.

De nouveau ton cœur a changé selon le vent. Tu penses maintenant pieusement ; mais, naguère, tu ne pensais pas ainsi, et tu as voulu des choses terribles, ô chère, contre la volonté de ton frère ! Tu as vu la malheureuse déchirer son péplos et nous montrer ses mamelles au moment du meurtre ! Hélas ! hélas sur moi ! Elle traînait contre terre son corps où j’ai été conçu, et mon cœur faiblissait !

ÈLEKTRA.

Certes, je le sais, tu as ressenti une angoisse en entendant la voix lamentable de la mère qui t’a enfanté !

ORESTÈS.

Elle criait, en portant les mains à mon menton : — Ô mon fils, je te supplie ! — Elle se pendait à mon cou, de sorte que le couteau tombait de ma main !

LE CHŒUR.

Malheureuse ! Comment as-tu pu regarder de tes yeux le meurtre de ta mère rendant l’âme ?

ORESTÈS.

Et moi, je couvrais mes yeux de mon manteau, tandis que je plongeais l’épée dans la gorge de ma mère !