Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/88

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dans le port, avança ; mais, arrivée à l’entrée, un courant violent la heurta, et le vent se leva brusquement, et la nef fut repoussée en arrière. Et les rameurs, luttant contre les flots, soutenaient le choc ; mais le flux poussait la nef contre terre. Alors, la fille d’Agamemnôn, debout, commença de prier : — Ô fille de Latô ! sauve-moi qui suis ta sacrificatrice ; reconduis-moi dans la Hellas, loin de cette terre barbare et pardonne-moi mon larcin ! Tu aimes ton frère, Déesse ! pense que j’aime le mien. — Et les marins accueillirent les prières de la jeune fille par des cris joyeux, et, de leurs bras nus depuis l’épaule, remuèrent les avirons, en chantant tous ensemble. Et la nef allait de plus en plus vers l’écueil, et un d’entre eux sauta dans la mer, et un autre attachait les câbles suspendus hors de la nef. Et, aussitôt, je suis venu vers toi pour t’annoncer ces choses, ô Roi ! Prends donc des chaînes en main, car, à moins que la mer ne devienne calme, les Étrangers n’ont aucune espérance de salut. En effet, le Roi de la mer, le vénérable Poséidôn, s’intéresse à Ilios, et il est ennemi des Pélopides. Il livrera maintenant, entre tes mains et aux mains des tiens, le fils d’Agamemnôn, ainsi que sa sœur qui oublie la faveur que lui a faite la Déesse en l’arrachant à la mort dans Aulis.

LE CHŒUR.

Ô malheureuse Iphigénéia, tu mourras avec ton frère, retombée aux mains de tes maîtres !

THOAS.

Tous, ô citoyens de cette terre barbare, allez ! mettez les freins aux chevaux, et courez au rivage vers la nef