Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

NOTICE SUR HÉCUBE.




Les Grecs, partis de Troie, sont retenus par les vents dans la Chersonèse de Thrace. L’ombre d’Achille les arrête, et demande le sang de Polyxène. Elle l’obtient, malgré les larmes et les cris d’Hécube. Pour comble de désespoir, on apporte à cette malheureuse mère le corps de son fils Polydore, assassiné par le roi de Thrace Polymestor, à la garde duquel Priam l’avait confié. Hécube furieuse se venge de Polymestor.

On voit qu’il y a là deux actions qui se succèdent, le sacrifice de Polyxène, et la punition du meurtre de Polydore ; mais ce défaut est racheté par des beautés de détails et de situation. Il y a d’ailleurs une sorte d’unité, en ce que tout s’y rapporte au personnage principal, c’est-à-dire à Hécube : livrée tour à tour aux transports de l’amour maternel et aux fureurs de la vengeance, elle émeut, elle rencontre souvent le pathétique, malgré quelques traces de déclamation. Les quatre caractères d’Hécube, de Polyxène, d’Ulysse et d’Agamemnon, sont tracés avec beaucoup de force et de vérité ; la figure de Polyxène surtout, admirable de grâce et de pudeur virginale, a en même temps toute la noblesse et la pureté d’un marbre antique.