Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/306

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Est-ce l’effet de quelque maléfice envoyé par un ennemi ?

Phèdre.

C’est un ami qui me perd malgré lui et malgré moi.

La Nourrice.

320Thésée t’a-t-il fait quelque offense ?

Phèdre.

Puissé-je ne l’avoir point offensé moi-même !

La Nourrice.

Quelle est donc cette chose terrible qui te pousse à mourir ?

Phèdre.

Laisse là mes fautes : ce n’est pas envers toi que je suis coupable.

La Nourrice.

Non, je ne te laisserai pas ; je ne céderai qu’à ton obstination.

Phèdre.

Que fais-tu ? Tu me fais violence en t’attachant à mes pas.

La Nourrice.

Je ne lâcherai point tes genoux que je tiens embrassés.

Phèdre.

Malheur à toi si tu apprends ce malheureux secret !

La Nourrice.

Est-il un malheur plus grand pour moi que de te perdre ?

Phèdre.

Tu me perds : le silence faisait du moins mon honneur.

La Nourrice.