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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/32

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 libation de sang pour la terre et pour ces mânes impitoyables.

ULYSSE.

La mort de ta fille suffira ; n’y joignons pas d’autre sacrifice ; et plût aux dieux que le sien ne fût pas nécessaire !

HÉCUBE.

Il faut absolument que je meure avec ma fille.

ULYSSE.

Comment ! je ne reconnais pas ton autorité.

HÉCUBE.

Comme le lierre s’attache au chêne, ainsi je serrerai ma fille dans mes bras.

ULYSSE.

Non, tu te rendras à de plus sages conseils.

HÉCUBE.

Jamais je ne me séparerai d’elle volontairement.

ULYSSE.

Et moi, je ne sortirai point sans l’emmener de ces lieux.

POLYXÈNE.

[402] Ma mère, écoute-moi ! et toi, fils de Laërte, laisse un libre cours aux transports maternels. Infortunée ! ne combats point contre ceux qui ont en main la puissance. Veux-tu voir ton corps débile traîné dans la poussière, maltraité, en proie aux violences d’un jeune homme, qui chargera ta vieillesse d’outrages ? Non, tu ne t’exposeras pas à cet indigne traitement. Mais plutôt, ô ma mère bien-aimée, tends-moi cette main chérie, approche ton visage du mien… hélas ! pour la dernière fois… Mes yeux ne reverront plus ces rayons, cette radieuse clarté du soleil. Reçois mes derniers adieux. Ô