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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/320

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parler, ni qui pût à son tour leur adresser la parole. Mais à présent les femmes perverses forment au dedans de la maison des projets pervers, que leurs servantes vont réaliser au dehors. C’est ainsi, âme dépravée, que tu es venue à moi, pour négocier l’opprobre du lit de mon père ; souillure dont je me purifierai dans une eau courante. Comment livrerais-je mon cœur au crime, moi qui me crois moins pur pour t’avoir entendue ? Sache-le bien, malheureuse, c’est ma piété qui te sauve ; car si tu ne m’avais arraché par surprise un serment sacré, jamais je n’aurais pu me défendre de révéler ce crime à mon père. Mais maintenant, tant que Thésée sera absent de ce palais et de cette contrée, je m’éloigne, et ma bouche gardera le silence. Je verrai, en revenant au retour de mon père, de quel front vous le recevrez, toi et ta maîtresse. Je serai témoin de ton audace, qui m’est déjà connue. Malédiction sur vous ! Jamais je ne me lasserai de haïr les femmes, dût-on dire que je me répète toujours : c’est qu’en effet elles sont toujours méchantes. Ou qu’on leur enseigne enfin la modestie, ou qu’on souffre que je les attaque toujours.

Le Chœur.

668Infortunées ! malheureuse destinée des femmes ! quel moyen, quelle ressource avons-nous pour dénouer le nœud fatal dans lequel Phèdre est enlacée ?

Phèdre.

Je subis un juste châtiment. Ô terre, ô lumière, où fuir pour échapper à mon sort ? Comment cacher ma honte ? Quel dieu viendrait à mon aide, quel mortel voudrait être complice de mes crimes ? Les malheurs de ma