Tais-toi ; tu m’as donné jusqu’ici de trop funestes conseils, et tu m’as induite au mal. Fuis donc loin de moi, et songe à toi-même : pour moi, je saurai pourvoir à ce qui me regarde. Quant à vous, nobles filles de Trézène, accordez-moi la seule grâce que je vous demande : c’est d’ensevelir dans le silence tout ce que vous avez entendu ici.
Je jure par l’auguste Diane, fille de Jupiter, de ne jamais rien dévoiler de tes tristes secrets.
Cette parole me rassure. Maintenant je ne vois qu’un seul remède à mon malheur pour laisser à mes enfants une vie honorée, et me sauver moi-même, dans la situation critique où je me trouve. Non, jamais je ne déshonorerai ma noble famille, jamais, pour sauver ma vie, je ne reparaîtrai, chargée de honte, aux yeux de Thésée.
Veux-tu donc consommer un mal sans remède ?
Je veux mourir : quant au moyen, j’y aviserai.
Écarte ces propos funestes.
Et toi, donne-moi de sages conseils. Je vais réjouir Vénus, auteur de ma ruine, en me délivrant aujourd’hui de la vie : je succombe sous les traits cruels de l’amour. Mais ma mort deviendra aussi funeste à un autre : qu’il apprenne à ne pas s’enorgueillir de mes maux ; en partageant à son tour ma souffrance, qu’il s’instruise à la modestie.