Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/414

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consumée par la douleur, comme la source qui coule goutte à goutte d’un rocher.


le chœur

Ô femme, réfugiée sur le sol consacré à Thétis, et dans ce temple que tu ne quittes pas depuis longtemps, quoique Phthie m’ait vu naître, je viens vers toi, malheureuse fille de l’Asie, pour chercher quelque remède aux maux irréparables qui ont suscité entre Hermione et toi une discorde haineuse, au sujet du lit de Pyrrhus, que tu partages avec elle.

Songe au triste sort auquel tu es réduite. Combattras-tu contre tes maîtres, une captive troyenne contre les filles de Lacédémone ? Abandonne ce temple, où nous offrons nos sacrifices à la déesse. Que sert de te consumer dans la douleur, et de t’exposer aux violences des maîtres ? La force te soumettra. Pourquoi vouloir lutter, toi qui n’es rien ?

Allons, quitte la brillante demeure de la fille de Nérée ; songe que tu es esclave sur une terre étrangère, dans une ville étrangère, où tu ne vois aucun de tes amis, ô infortunée, ô déplorable épouse !

Je me sens émue de pitié, ô Troyenne, en te voyant parmi nous ; mais la crainte que m’inspirent mes maîtres m’arrête ; et je me borne à plaindre ton sort, dans la crainte que la fille d’Hélène ne découvre l’affection que tu m’inspires.


Hermione

Ces parures d’or qui brillent sur ma tête, ces riches vêtements, ces tissus précieux dont je suis couverte, ne sont point les richesses de la maison d’Achille ou de Pé-