Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/532

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maison de mes pères, qui te fera bouillir a merveille et le vêtira chaudement. Allons, entrez là-dedans ; allez à l’autel du dieu de cette caverne, et préparez-moi un bon festin.

Ulysse

[347] Hélas ! j’ai échappé aux dangers d’Ilion et à ceux de la mer ; et maintenant j’échoue contre le cœur inabordable d’un homme impie. Ô Pallas, fille de Jupiter, ô ma souveraine, c’est à présent que j’ai besoin de ton secours ; car je suis aux prises avec des dangers plus menaçants que ceux d’Ilion, et dans une crise plus terrible. Et toi qui habites le séjour des brillantes étoiles, Jupiter hospitalier, vois ce qui m’arrive ; si tu ne le vois pas, c’est à tort, Jupiter, que l’on t’adore comme un dieu : tu n’es rien.

Ils entrent dans la caverne

Le chœur

[356] Ouvre, Cyclope, les lèvres qui ferment le passage de ton large gosier, car on t’a préparé des viandes bouillies et rôties que tu peux ôter de dessus les charbons ardents, mâcher et dévorer ; tu peux disséquer les membres de tes hôtes, préparés dans la peau velue[1] d’une chèvre. Ne me fais point participer à ce repas[2]. Garde pour toi seul tout le vaisseau que tu charges de cet horrible mets. Je dis adieu à cet antre ; oui, je veux fuir les sacrifices du Cyclope impie de l’Etna, qui se réjouit do manger la chair de ses hôtes. Quelle est donc la barbarie

  1. On voit dans Hérodote, IV, 61 : que l’usage de faire cuire la viande dans des peaux de bœufs a été pratiqué par quelques anciens peuples.
  2. •Passage obscur ; il paraît y avoir ici quelque lacune dans le texte.