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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/98

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jamais Hélène, ton épouse ; je ne lui adresserai pas même la parole, et je ne t : envie pas l’honneur d’avoir été à Troie reprendre une femme infidèle ; mais je défends la loi de tout mon pouvoir, et je combats ces mœurs sauvages et sanguinaires qui sont la perte des villes et des états. Dis-moi, malheureux, quels sentiments agitaient ton cœur, lorsque ta mère te découvrit son sein, en te suppliant ? Moi qui n’ai point vu ce cruel spectacle, je sens fondre en larmes mes yeux desséchés par la vieillesse. Enfin, un fait terrible appuie mes paroles : tu es haï des dieux, et ta mère est vengée par les fureurs et l’épouvante auxquelles tu es en proie. Qu’ai-je besoin d’autres témoins, pour les faits que je vois par moi-même ? Sache-le donc, Ménélas : n’agis point contre les dieux, en voulant secourir ce coupable ; laisse-le mourir lapidé par le peuple, ou n’entre point sur la terre de Sparte. Ma fille en mourant a subi un châtiment mérité ; mais il ne convenait pas qu’elle reçût la mort de la main d’un fils. J’ai été heureux en toutes choses, excepté dans mes filles ; de ce côté la fortune m’a abandonné.

Le Chœur

Celui-là est digne d’envie qui est heureux dans ses enfants, et qui n’a point éprouvé par eux d’éclatantes calamités.

Oreste

[544] Ô vieillard, je crains de te répondre, quand mes paroles doivent porter la tristesse dans ton âme. Je suis souillé pour avoir tué ma mère ; mais je suis pur à un