Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/118

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pas, pour avoir donné la vie, pour avoir donné l’éducation à ce frère, la gloire de notre famille !

Oreste.

Heureux par notre naissance, ô ma sœur, si nous envisageons les événements, nous avons une vie bien malheureuse.

Iphigénie.

Infortunée, je l’ai bien appris, quand mon père accablé de douleur plongea le couteau sacré dans mon sein.

Oreste.

Hélas ! même loin de ce spectacle, je crois te voir sous le coup mortel.

Iphigénie.

Et lorsque, privée de l’hymen d’Achille, on me conduisait abusée dans la prétendue chambre nuptiale, autour de l’autel régnaient le deuil et les larmes. Hélas ! hélas ! quelle ablution m’y attendait !

Oreste.

Moi aussi j’ai déploré l’attentat auquel osa se porter mon père.

Iphigénie.

Père dénaturé, il ne m’a point traitée comme son enfant. Mais les calamités s’enchaînent.

Oreste.

Infortunée, et si tu avais immolé ton frère ?

Iphigénie.

Par l’influence de quelque divinité ? Ah ! malheureuse, quel attentat ! Mon attentat est horrible ! oui, il est horrible, ô mon frère ! Tu l’as à peine évité, ce coup impie que mes mains allaient frapper. Mais quelle sera la fin de tant de maux ? quelle sera ma destinée ? quel moyen trouver pour t’arracher à ce pays, à la mort, pour te renvoyer à Argos, ta patrie, sans plonger le glaive sacré dans ton