Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/144

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destins, qu’Oreste est venu en ces lieux pour échapper à la colère des Furies, pour ramener sa sœur à Argos, et rapporter sur la terre que je protège la statue sacrée qui doit mettre fin aux malheurs présents. Voilà ce que j’avais à te dire. Quant à Oreste, à qui tu veux donner la mort en le surprenant sur les flots, déjà Neptune, en ma faveur, a calmé la surface de la mer ; il a guidé lui-même la marche de son navire. Toi donc, Oreste, écoute mes ordres (car, malgré ton éloignement, tu entends la voix d’une déesse ): poursuis ta route, accompagné de la statue et de ta sœur Iphigénie. Lorsque tu seras arrivé dans Athènes, bâtie par une main divine, il est sur les confins de l’Attique un lieu sacré, voisin du rivage de Caryste ; mon peuple le désigne sous le nom de Haies : tu y placeras la statue de la déesse, dont le nom rappellera la Tauride, et les épreuves subies par toi dans tes courses à travers la Grèce, quand la colère des Furies te poursuivait. Diane, à l’avenir, sera chantée par les mortels sous le nom de déesse Taurique. Dans les fêtes que le peuple célébrera nu mémoire du pardon accordé à ton meurtre, tu établiras pour loi qu’on approche le glaive nu du sein d’une victime humaine, et qu’on en tire quelques gouttes de sang, pour que la déesse reçoive les honneurs qui lui sont dus. Pour toi, Iphigénie, tu dois, sur les hauteurs sacrées de Brauron, devenir prêtresse de la déesse : tu y