Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/186

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des voies secrètes, tu gouvernes toutes les choses humaines selon la justice.

MÉNÉLAS.

D'où vient donc que subitement tu te mets à invoquer les dieux ?

HÉCUBE.

Je t'approuve, Ménélas, si tu fais périr ton épouse ; mais fuis à sa vue, de peur qu'elle ne te subjugue par l'amour : elle séduit les yeux des hommes, elle ruine les cités, elle embrase les maisons, tant ses charmes sont puissants! J'ai appris à la connaître; toi-même, et tous ceux qui furent ses victimes, vous devez la connaître aussi.

HÉLÈNE.

[895] Ménélas, voilà un début bien fait pour m'effrayer : je me vois traînée avec violence hors de cette tente, par les mains de tes serviteurs. Quoique je sente que je te suis odieuse, cependant je désire savoir quel arrêt les Grecs et toi vous avez porté sur ma vie.

MÉNÉLAS.

On n'a point délibéré régulièrement sur ton sort ; mais l'armée entière, qui a souffert a cause de toi, t'a livrée à moi pour te faire périr.

HÉLÈNE.

Ne puis-je au moins parler pour ma défense, et prouver que si je meurs, c'est injustement?

MÉNÉLAS.

Je ne suis pas venu pour discuter, mais pour te faire mourir.

HÉCUBE.

Écoute-la, Ménélas, avant qu'elle meure ; ne lui refuse pas cette grâce, et laisse-moi le soin de lui répondre; car tu