Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/193

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Tes sacrifices ne sont plus, ni les chants propices des chœurs sacrés qu'on entendait pendant la nuit (49), ni les fêtes nocturnes des dieux, ni les traits révérés des simulacres d'or, ni les douze révolutions de la lune, célébrées par les Phrygiens (50). Je me demande, ô roi des dieux, assis sur le trône céleste, dans les vastes plaines de l'éther, je me demande si tu dédaignes d'abaisser tes regards sur ma patrie en ruines, que la flamme dévorante a consumée. Cher et malheureux époux, ton corps, privé de sépulture et des ablutions funèbres, erre sans asile (51) ; et moi, un vaisseau traversant les mers sur ses ailes rapides, va me porter dans Argos aux nobles coursiers, dont les murs qui s'élèvent jusqu'aux cieux furent bâtis par les Cyclopes. Nos fils, baignés de larmes et rassemblés en foule sur les portes, gémissent et appellent à grands cris leurs mères. Les Grecs vont me séparer de toi, et m'emporter loin de ta vue, sur leurs noirs vaisseaux aux rames agiles, vers l'île sacrée de Salamine (52), ou sur l'isthme qui domine les deux mers, et qui garde les portes de la terre de Pélops (53).

Quand le navire de Ménélas sera au milieu des flots, puisse la foudre sacrée de Jupiter, dont les éclats sillonnent la mer Égée, tomber sur ce fatal vaisseau qui m'arrache