Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/196

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mort est malheureuse ! Si du moins tu étais mort pour ta patrie, après avoir connu la jeunesse, l'hymen, et un pouvoir égal à celui des dieux ; tu aurais été heureux, s'il y a quelque chose d'heureux dans de tels biens : tu les as vus sans les connaître, mon enfant, et tu n'as pas joui de ceux que tu avais à ta portée. Infortuné ! combien les murs de notre ville, ouvrage d'Apollon, ont défiguré ta tête charmante, et cette chevelure qui reçut tant de fois les soins et les baisers d'une mère ! de ses os fracassés découle le sang, pour ne pas nommer un objet repoussant (57). Ô mains, dont les mouvements me retraçaient la douce image de son père, je vous vois brisées dans toutes les articulations !. Bouche chérie, qui me charmais par tes doux propos, qu'es-tu devenue? Tu m'abusais, lorsque attaché à ma robe tu t'écriais : « Ah ! ma mère, je couperai sur ta tombe toutes les boucles de ma chevelure, et j'y conduirai les jeunes gens de mon âge, pour t'adresser de tendres adieux. Hélas ! c'est moi qui te pleure dans un âge