Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/384

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Hélène.

Tu n’as pas d’autre épouse que moi.

Ménélas.

Suis-je dans mon bon sens, ou mes yeux m’abusent-ils ?

Hélène.

En me voyant, ne reconnais-tu pas ton épouse ?

Ménélas.

Oui, l’image est fidèle, elle ébranle ma certitude.

Hélène.

Regarde : qui mieux que toi peut me reconnaître ?

Ménélas.

Tu lui ressembles en tout, je ne puis le nier.

Hélène.

À qui donc ajouteras-tu foi, si ce n’est à tes yeux ?

Ménélas.

Ce qui m’ébranle, c’est que j’ai une autre épouse.

Hélène.

Je ne suis point allée à Troie, c’est un fantôme à ma place.

Ménélas.

Qui peut créer des corps vivants ?

Hélène.

L’Éther, dont fut formée, par la puissance divine, l’épouse que tu as avec toi.

Ménélas.

Et quel dieu en est l’auteur ? car tu dis là des choses bien imprévues.

Hélène.

Junon fit cette substitution, pour empêcher Pâris de me posséder.

Ménélas.

Comment donc étais-tu à la fois en ces lieux et à Troie ?