Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/84

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célèbre d’Aulis. Là, en effet, le roi Agamemnon avait rassemblé une flotte de mille vaisseaux, afin d’assurer aux Grecs la glorieuse conquête d’Ilion, de venger l’outrage du rapt d’Hélène, et de satisfaire Ménélas. Mais en présence d’une mer impraticable et des vents contraires, il a recours aux sacrifices, et Calchas répond : « Ô toi qui commandes l’armée des Grecs, Agamemnon, tes vaisseaux ne sortiront point du port avant que Diane n’ait reçu pour victime ta fille Iphigénie. Tu fis vœu d’immoler à la déesse qui éclaire les cieux ce que l’année produirait de plus beau. Ton épouse Clytemnestre a enfanté dans ton palais une fille (il m’attribuait ainsi l’avantage de la beauté), c’est elle que tu dois immoler. » Par les artifices d’Ulysse, on m’arrache des bras de ma mère comme pour me conduire à l’hymen d’Achille. À peine arrivée en Aulide, on m’élève sur le bûcher, et déjà l’on me frappait du fer homicide ; mais Diane me déroba aux Grecs en substituant une biche à ma place ; et, m’enlevant dans les airs, elle me transporta ici, en Tauride où règne sur un peuple barbare le barbare Thoas, ainsi nommé pour l’agilité de ses pieds, comparable au vol rapide des oiseaux. La déesse m’établit prêtresse de ce temple, où, parmi les rites auxquels elle se complaît, il en est un qui n’a de beau que le nom. Je garde le silence sur le reste, par crainte de Diane.