Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/87

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fugitif, banni de ma patrie, j’ai porté en bien des lieux mes pas errants. Je suis allé te demander où je trouverais le terme des fureurs qui m’agitent et des épreuves que j’ai subies dans mes courses à travers la Grèce ; tu m’as répondu d’aller dans la Tauride, où Diane ta sœur a des autels, et d’y enlever la statue de la déesse, qu’on dit être descendue du ciel dans ce temple ; et après l’avoir enlevée, soit par adresse ou par quelque heureux coup du sort, le péril une fois passé, de la porter sur la terre d’Athènes (tu ne m’as point donné d’autres ordres), et qu’après avoir accompli cette tâche, je trouverais enfin le repos. Pour obéir à ton oracle, je viens ici, sur une terre inconnue, inhospitalière. Mais, dis-moi, Pylade, puisque tu veux bien t’associer à mes périls, que ferons-nous ? Tu vois l’enceinte et la hauteur de ces murs : escaladerons-nous ce temple ? et alors comment faire pour n’être pas vus ? ou bien ouvrirons-nous les verrous de ces portes d’airain, dont le mécanisme nous est inconnu ? et si l’on nous surprend à ouvrir les portes et à vouloir nous introduire, nous mourrons. Mais plutôt que de mourir, fuyons sur le vaisseau qui nous a portés sur ces bords.

Pylade.

La fuite ne peut se proposer, et ce n’est pas notre habitude ; il ne faut pas non plus mépriser l’oracle du dieu. Mais écartons— nous du temple et cachons-nous dans les cavernes que la mer baigne de ses eaux sombres, loin de notre vaisseau, de peur que si on le découvre, on n’en prévienne les chefs de ce pays et on ne nous prenne de force. Mais lorsque l’œil de la nuit obscure se montrera, nous tenterons d’enlever du temple la précieuse statue, et nous ferons jouer toutes nos ressources. Vois si dans l’espace de ces triglyphes il y a quelque vide pour y glisser ton corps. Les braves affrontent les dangers, les lâches ne sont bons à