Page:Europe, revue mensuelle, No 190, 1938-10-15.djvu/116

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And make men mad… Le premier quartier n’apparaîtra que dans deux jours, tout à fait proche de la terre, juste au-dessus des ormes de chez les Besnard…

— Tu as quinze ans, dit-elle, tu es un collégien.

— Catherine, dit Bernard, il y trop de monde autour de nous, on ne s’entend plus. Il faudrait de grandes étendues de pierre ou d’eau, un désert, la mer, ou des montagnes avec des lacs, des berges couvertes d’une neige stérile couleur de jacinthe ou de myosotis…

Catherine s’agenouilla et se pencha sur Bernard pour l’embrasser, puis ils rentrèrent dans le salon.

— Pourquoi n’allez-vous pas dehors ? demanda Catherine. Il fait une de ces nuits…

On sortit sur la terrasse et naturellement tout le monde poussa des cris devant toutes ces étoiles : Mme Plessis qui aimait la nature dit que c’était un péché de rester enfermés quand il faisait un temps pareil et que Catherine avait bien raison.

— Autrefois, dit M. Rosenthal, j’étais très fort sur la cosmographie. Mais maintenant le cou sous la guillotine, vous ne me feriez pas dire où est l’étoile polaire…

(À suivre.)

paul nizan.