Page:Europe, revue mensuelle, No 93, 1930-09-15.djvu/26

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poésie sont les faces d’un acte unique. Ce Janus bifrons laissait place à toutes les déclarations sur la pureté et l’impureté de la poésie, sur l’inspiration, la conversion et l’inversion.

D’autres flambés jusqu’à la peau par les lumières de Paris s’habituaient à mourir dans les trous, assiégés par les images femelles qui s’étaient terrées un peu partout au sortir de la guerre : gens de loisir, ils vivaient dans un état horrible de fausse naïveté encore nommée poésie, simplement enfoncés dans le mal dont ils n’essayaient pas de regarder les raisons. Alors renaissait le phénix pelé romantisme : on allait porter l’objet littéraire à la température d’un dieu docile à la fréquente communion. Ce mal du siècle confortable comme le spiritisme, dernier asile où crevaient en paix dans l’odeur de renfermé des châteaux abandonnés par les grands-pères. Ce sérieux d’enfants malades arrive-t-il à faire crouler les murs percés de meurtrières par où des quantités d’yeux les regardent, ces murs le long desquels ils n’arrivent pas à grimper ? Après tout voilà d’autres bouffons des bourgeois, tourmentés par le retour d’âge et les avertissements que chaque jour leur apporte de leur déclin. Toute cette réalité poétique aide les industriels français, les académiciens, les policiers, les séminaristes, les socialistes français à empêcher de mourir leur classe bien aimée. Espérons pour le dernier honneur de l’homme que les poètes ne se doutaient de rien.

Il y avait d’autres portes qui menaient vers les grands hommes : on se baignait dans leurs vies, on trempait dans leur gloire comme dans le cinéma, comme dans un carême à Notre-Dame. Ils étaient à la mode ; on se mettait dans leur peau en s’endormant, on se mettait à genoux dans leurs chapelles expiatoires si calmes, où l’on ne pense pas aux cours de la Bourse, aux grèves, aux assassinats, aux armées, aux mariages