Aller au contenu

Page:Europe, revue mensuelle, No 95, 1930-11-15.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voix avec beaucoup de ruses et de savantes précautions, sous toutes les tentures de la bonne logique et de la sainte morale des affaires. Ils sont plus faciles à aimer que vos récits de bourgeois et de traîtres ne l’ont laissé entendre. Ils sont si près de nous que les langues ne savent pas les nommer : ils n’ont pas encore intéressé les relations humaines.

Avais-je besoin d’aller déterrer des vérités si ordinaires dans des déserts tropicaux ? Je vis en rentrant que bien d’autres les avaient vu passer dans le cœur de la Seine. Je ne regrette rien : elles crevaient les yeux, elles se manifestaient dans une lumière si éclatante que je suis assuré de ne jamais les perdre. Je fus trop près de ma fin, pour les tenir pour des erreurs de jeunesse. Personne ne me fera croire que la croissance explique tout.

Les chances que j’avais de les rencontrer dans les murs du cinquième arrondissement me paraissent encore maigres. On s’apprêtait à jeter sur moi tant de couvertures : j’aurais pu être un traître, j’aurais pu étouffer.

XIII

Qu’on ne me refasse plus le tableau séduisant des voyages poétiques et sauveurs, avec leurs fonds marins, leurs monceaux de pays et leurs personnages étrangement vêtus devant des forêts, des montagnes, des cimes couvertes de neiges éternelles et des maisons de trente étages.

Je sais à quoi m’en tenir sur les départs dont on parlait en France entre 1920 et 1927, images déteintes de la vieille mort chrétienne au monde, renonciations au monde contre les promesses les plus solennelles du bon dieu, qui parlait d’un recréation, de nouvelles