passé. Toutefois devant la belle solitude qui l’entourait, les larmes l’envahirent, et il gémit à nouveau :
— Tsatsika… Tsatsa Minnka… Où es-tu ?
Alors, la miraculeuse Embouchure donna sa sœur au petit frère. Elle la lui donna même aux côtés de Minnkou, leur bon ami Minnkou. Précédant le cheval qui traînait péniblement la voiture chargée de joncs, ils surgirent brusquement, semblables à deux oiseaux sauvages, en bordure des fourrés.
Ils ne virent pas l’enfant, parce qu’ils étaient trop heureux. Les visages embrasés par l’aurore, ils se tenaient par la taille ; les corps un peu renversés en arrière, et chantaient joyeusement :
On voyait tout de suite qu’ils étaient faits l’un pour l’autre et que leurs cœurs ne faisaient qu’une vieille liaison qui avait subi toutes les épreuves, qui était prête à en subir cent autres, et que rien n’ébranlerait.
Tous deux, rudes, de corps et d’âme, sains et décidés. Lui, dans les vingt-cinq ans, fort, assez grand, comme elle, visage sans beauté, sans caractère, mais bien mâle et très ouvert. Elle, dans les vingt-deux ans, tout aussi fortement charpentée, tout aussi paysanne de corps. Néanmoins, son beau visage reflétait une âme riche de songes.
— Tsatsika ! Nénika !
Ces cris, lâchés par l’enfant, arrachèrent Minnka à son ami et la précipitèrent, les bras ouverts, vers Zamfir, qui se laissa emporter en sanglotant :