Page:Europe (revue mensuelle), n° 96, 12-1930.djvu/115

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restait alors comme ressource à ces misérables que d’envoyer un enfant prier la belle tsatsa Minnka d’intervenir auprès du seigneur et d’implorer son pardon, qui toujours était accordé. On savait dans l’Embouchure que la jeune fille avait un cœur d’or pour les paysans pauvres, dont sa famille faisait elle-même partie.

Cette fois, Mândresco l’a frappée directement. Il lui a enlevé le noaten qu’elle aime tant. Il n’y avait pas de doute en effet : le poulain se trouvait « à la cour ».

Dominant sa peine, le jeune homme dit à son amie :

— Tu vas donc encore aller chez ce chien…

Elle lui caressa le visage, le regard enflammé :

— Il le faut bien, mon ami.

— Ça ne te fait rien, Minnka ? Tu ne souffres pas ?

— Je te l’ai dit depuis longtemps : inutile d’aller contre le vent. Acceptons ce qui est. Tu sais que je suis à toi pour toujours, mais notre sort est dans les mains des autres.

Le soleil était bien haut quand Minnka et ses deux poulains regagnèrent la maison paternelle.


LA FAUTE DE TSATSA MINNKA


Une semaine après l’histoire du noaten, il y eut conseil de famille chez les parents de Minnka, qui s’appelaient Vadinoï.

Très nombreux dans l’Embouchure, les Vadinoï brillaient tous, par l’orgueil et la pauvreté. Ils admettaient d’être pauvres, comme tous les paysans de la