Page:Europe (revue mensuelle), n° 96, 12-1930.djvu/117

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La mère Vadinoï hocha la tête, n’osant dire ni oui ni non. Son mari frappa du poing :

— Jamais ! Elle épousera Sima ou je la chasse de ma maison !

— Sima ? Qui est-ce ? demanda Catherine.

— Un veuf. Tu le verras cet après-midi. Pas très bien de sa personne, mais brave homme et « avec situation », à Braïla. Il me demande Minnka depuis une année et la veut telle qu’elle est. Elle l’épousera, ou elle partira d’ici !

Toudorel, fils de Catherine, était heureux d’être venu avec sa mère, passer vingt-quatre heures à la campagne. Il détestait la ville et aimait passionnément l’Embouchure, qu’il connaissait bien pour y avoir, chaque année, passé deux mois, pendant les grandes vacances. Il était du même âge que Zamfir. Les deux enfants avaient, l’un pour l’autre, une tendre amitié. Ils en profitèrent, cette fois encore, allant à leur amusement préféré : la chasse aux araignées de terre.

Allongés sur le ventre, leurs têtes se touchant parfois, ils plongeaient dans le trou la petite boule de cire suspendue à un fil blanc. Puis, c’était la longue attente. Souvent, l’araignée leur échappait juste au moment de la tirer hors de son trou. On recommençait, patiemment, le dos au soleil, le nez flairant la terre.

Autour d’eux, désert automnal. Plus de cigogne, plus d’hirondelle. Le sol, vidé par l’homme et par son bétail, n’exprimait plus que fatigue, besoin de dormir. Quelques rares brebis, broutant çà et là, semblaient le marquer de meurtrissures. Le soleil le laissait indifférent.

Toudorel demanda :