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Page:Europe (revue mensuelle), n° 98, 02-1931.djvu/100

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effet inattendu ; il se refusa de croire à la mort du vieillard :

— Ce n’est pas possible. Mon père est un homme trop éprouvé pour se laisser si bêtement surprendre. Il doit errer quelque part.

Et, nullement peiné, il courut sur le plateau, choisir un bon emplacement pour y construire leurs huttes, avant la nuit. Minnka devait le suivre un peu plus tard. Elle attendait une voiture qui allait charger tout un fouillis domestique, lui appartenant, et que son père avait jeté sur le chemin : couvertures, vêtements, linge. C’était sa dot, dont Sima n’avait pas voulu.

Vers les six heures du soir, l’eau était aux pieds du plateau de Braïla, alors que dans le village elle montait déjà au niveau des fenêtres.

Plus âme qui vive dans toute l’Embouchure. Une grande partie des inondés s’était réfugiée en ville, chez des parents. Les autres, à défaut d’une parenté qui les acceptât, ou, tout bonnement par un féroce esprit d’indépendance à la père Alexe, avaient campé sur la vaste terre en friche qui bordait le plateau dans toute sa longueur. Derrière cette bande de sol aride, des cultures de maïs s’étendaient à perte de vue, jusqu’à la banlieue de Braïla.

Ce fut comme une nuée de sauterelles que, le premier soir du campement, les inondés s’abattirent sur cette forêt de maïs vert : elle s’offrait comme l’unique alimentation improvisée, ce soir-là de générale fatigue. Les enfants, toujours prompts à se débrouiller, découvrirent aussitôt l’aubaine et sur elle se précipitèrent. Les gamins, remplissant leurs seins, les fillettes, leurs tabliers, chacun rapporta la quantité d’épis de maïs nécessaire à la famille.

À la tombée de la nuit, les grillades de maïs vert emplissaient de leur agréable odeur toute la région. Chaque ménage avait allumé son feu, autour duquel