Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/112

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quoi bon stipuler qu’à l’avenir on ne devra pas les châtier précipitamment et les mettre à mort ? Ils s’en seraient bien gardés, après une semblable manifestation. En arrivant à Canton, c’était une réparation qu’il fallait, tout d’abord, obtenir ; on en avait, certes, bien le droit. Les festins, les parades et les poignées de main ne devaient venir qu’en second lieu.

On se méprendrait beaucoup sur notre intention, si on pensait que nous voulons jeter le blâme sur l’ambassade. Puisque nous avons entrepris de parler de la Chine, on nous permettra d’exprimer librement et franchement ce que nous croyons être la vérité. Nous sommes persuadé que M. de Lagrenée est tout entier dévoué aux intérêts de nos missions, et que, s’il n’eût dépendu que de lui, tous les Chinois seraient chrétiens et professeraient leur religion dans une entière liberté. Nous savons que son entreprise était difficile et délicate, puisqu’il agissait seul et sans instruction officielle de son gouvernement. Cependant nous ne pouvons nous dispenser d’exposer les choses telles qu’elles sont. En 1844 on a été convaincu, en Europe, et cette conviction persévère peut-être encore, que la Chine était ouverte et que la religion chrétienne y était libre. Malheureusement les Anglais n’ont pas plus ouvert la Chine que l’ambassade française n’a donné aux Chinois la liberté religieuse. Les sujets de Sa Majesté Britannique ne se hasarderaient pas à mettre les pieds dans l’intérieur de la ville de Canton, quoique, par les traités, ils soient en possession de ce privilège ; ils ne peuvent s’aventurer que dans les faubourgs. L’intolérance et la haine des populations indigènes s’obstinent à les tenir, en quelque sorte, toujours bloqués dans leurs