Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/184

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main, côtoyant les rivières, franchissant les montagnes, traversant les forêts et les déserts, au milieu des privations et des souffrances de tout genre, pour annoncer la parole du salut à des peuples ignorés du reste du monde. Longtemps on a pensé que la Chine n’avait été évangélisée que fort tard, et seulement à l’époque où le célèbre et courageux Matthieu Ricci pénétra dans l’empire, vers la dernière moitié du seizième siècle ; mais la découverte du monument et de l’inscription de Si-ngan-fou[1], autrefois capitale de la Chine, prouve, d’une manière incontestable, qu’en 635 la religion chrétienne y était répandue et même florissante.

Cette inscription parle des nombreuses églises élevées par la piété des empereurs, et des titres magnifiques accordés au prêtre Olopen[2], qu’on désigne sous le nom de Souverain gardien du royaume de la grande loi, c’est-à-dire primat de la religion chrétienne. En 712, les bonzes excitèrent une persécution contre les chrétiens, qui triomphèrent bientôt, après quelques épreuves passagères. « Alors, comme porte l’inscription, la religion, qui avait été opprimée quelque temps, commença de nouveau à se relever. La pierre de la doctrine, penchée un instant, fut redressée et mise en équilibre. L’an 744, il y eut un prêtre du royaume de Ta-thsin[3] qui vint à la Chine saluer l’empereur, qui ordonna au prêtre Lohan et à six autres d’offrir ensemble, avec

  1. On peut voir à Paris, dans la Bibliothèque impériale, un magnifique fac-simile de cette célèbre inscription.
  2. Tout porte à croire que cet Olopen était Syrien.
  3. C’est ainsi que les Chinois désignaient, à cette époque, l’empire romain.