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vait être placée sur le frontispice de la nouvelle église.

L’empereur Khang-hi s’était déclaré hautement le protecteur de la religion chrétienne. A son exemple, les princes et les grands dignitaires se montrèrent favorables, et le nombre des néophytes augmenta considérablement, non-seulement dans la capitale, mais encore dans toute l’étendue de l’empire. Les missionnaires répandus dans les provinces, mettant à profit les bonnes dispositions du chef de l’État, redoublèrent d’ardeur dans la prédication de l’Évangile, et on vit en peu de temps s’élever de toutes parts des églises, des chapelles, des oratoires, et se former de puissantes chrétientés. Les Chinois n’avaient plus peur d’encourir la disgrâce et les persécutions des mandarins en se faisant baptiser. Les chrétiens pouvaient se montrer fiers de leur religion et marcher le front haut ; ils le firent peut-être un peu trop. C’est le propre des caractères faibles et pusillanimes dans les temps d’épreuve, de se montrer arrogants au milieu de la prospérité. Il était à craindre que ces succès, basés en partie sur la faveur impériale, ne fussent pas de longue durée : c’est ce qui arriva.

Les déplorables discussions des missionnaires au sujet des rites pratiqués en l’honneur de Confucius et des ancêtres refroidirent beaucoup le bon vouloir de l’empereur Khang-hi et excitèrent même plusieurs fois sa colère. A sa mort, il y eut une réaction violente ; son successeur, Young-tching, déchaîna les haines et les jalousies qui s’étaient amassées contre les chrétiens sous le règne précédent. Le célèbre P. Gaubil[1] arrivait en

  1. Le P. Gaubil, né à Gaillac (Tarn), est le plus illustre des savants missionnaires qui, à cette époque, évangélisèrent la Chine.