Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/208

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nois ; mais, selon nous, il n’est pas le plus grand : car, enfin, il y a eu un temps où la religion n’était pas en butte aux malveillances et aux colères de l’autorité. Sous le règne de l’empereur Khang-hi, les missionnaires étaient honorés et caressés de toute la cour ; l’empereur lui-même écrivait en faveur du christianisme ; il faisait élever des églises à ses frais, et les prédicateurs, munis d’une patente impériale, pouvaient parcourir librement l’empire d’un bout à l’autre, et exhorter tout le monde à se faire baptiser. Personne n’avait rien à craindre ; bien au contraire, on était sûr de trouver, au besoin, aide et protection auprès des missionnaires. Nul n’eût osé faire aux chrétiens la plus petite injure, le plus léger tort ; les mandarins eux-mêmes se croyaient obligés d’être, a leur égard, pleins de bienveillance et de circonspection. Malgré ces avantages si grandement appréciés des Chinois, a-t-on réussi à opérer parmi eux de ces conversions rapides, nombreuses et persévérantes, comme il y en eut tant en Europe quand l’Évangile y fut annoncé ? Nullement, à part quelques précieuses et rares exceptions, on n’a rencontré, en général, que froideur et indifférence.

Et il n’est pas nécessaire de monter si haut pour connaître ce que vaut le caractère chinois, lors même qu’il n’a rien à redouter des mandarins. Dans les cinq ports ouverts aux Européens, la liberté religieuse existe sérieusement ; elle y est protégée par la présence des consuls et des navires de guerre, et cependant le nombre des chrétiens n’augmente pas plus rapidement que dans l’intérieur de l’empire. On sait que Macao, Hong-Kong, Manille, Singapour, Pinang, Batavia, sont des colonies